Читать реферат по всему другому: "Claude Monet" Страница 3

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rendez tels quels. C'est tres laid, tout ca. Rappelez-vous donc, jeune homme, que, quand on execute une figure, on doit toujours penser а l'antique. La nature, mon ami, c'est tres bien comme element d'etude, mais ca n'offre pas d'interet. Le style, voyez-vous, il n'y a que ca".

J'etais fixe. La verite, la vie, la nature, tout ce qui provoquait en moi l'emotion, tout ce qui constituait а mes yeux l'essence meme, la raison d'etre unique de l'art, n'existait pas pour cet homme. Je ne resterais pas chez lui. Je ne me sentais pas ne pour ercommencer а sa suite les Illusions perdues et autres balancoires. Alors а quoi bon persister ?

J'attendis toutefois quelques semaines. Pour ne pas exasperer ma famille, je continuai а faire acte de presence, mais le temps d'executer d'apres le modele une pochade, d'assister а la correction..., et je filais. J'avais trouve, d'ailleurs, а l'atelier, des compagnopns qui me plaisaient, des natures qui n'avaient rien de banal. C'etaient Renoir et Sisley, que je ne devais plus desormais perdre de vue ; c'etait Bazille, qui devint aussitot mon intime, et qui aurait fait parler de lui, s'il avait vecu. Ni les uns ni les autres ne mainfestaient plus que moi d'enthousiasme pour un enseignement qui contrariait а la fois leur logique et leur temperament. Je leur prechai immediatement la revolte. L'exode resolu, on partit, et nous prоmes un atelier en commun, Bazille et moi.

J'ai oublie de vous dire que, depuis peu, j'avais fait la connaissance de Jongkind. Pendant mon conge de convalescence, un bel apres-midi, je travaillais aux environs du Havre dans une ferme. Une vache paturait dans un pre : l'idee me vint de dessiner la bonne bete. Mais la bonne bete etait capriceuse, et, а chaque instant, se deplacait. Mon chevalet d'une main, ma sellette de l'autre, je la suivais pour retrouver tant bien que mal mon point devue. Mon manege devait etre fort drole car un grand eclat de rire, derriere moi retentit. Je me retourne et je vois un colosse qui pouffe. Mais le colosse etait un bon diable. "Attendez, me dit-il, que je vous aide". Et le colosse, а grandes enjambees, rejoint la vache et, l'empoignant par les cornes, veut la contraindre а poser. La vache, qui n'en avait pas l'habitude, se rebiffe. C'est а mon tour, cette fois, d'eclater. le colosse, tout deconfit, lache la bete et vient faire la causette avec moi.

C'etait un Anglais de passage, tres amoureux de peinture et tres au courant, ma foi, de ce qui se passait chez nous :

- Alors vous faites du paysage, me dit-il.- Mon Dieu, oui.- Connaissez-vous Jongkind ?- Non, mais j'ai vu de sa peinture.- Qu'en dites-vous ?- C'est rudement fort.- Vous etes dans le vrai. Savez-vous qu'il est ici ? - Ah bah ?- Il habite а Honfleur. Auriez-vous plaisir а le connaitre ? - Fichtre oui. Mais vous etes donc de ses amis ? - Je ne l'ai jamais vu, mais des que j'ai su sa presence, je lui ai envoye ma carte. C'est une entree en matiere. Je vais l'inviter а dejeuner avec vous.

L'Anglais, а ma grande surprise, tint parole et, le dimanche suivant, nous dejeunions tous trois de compagnie. Jamais repas ne fut si gai. En plein air, dans un jardinet de campagne, sous les arbres, en face d'une bonne cuisine rustique, son verre plein, entre deux admirateurs dont la sincerite ne faisait pas de doute, Jongkind ne se sentait pas d'aise. L'imprevu de l'aventure l'amusait : il n'etait pas habitue, d'ailleurs, а etrerecherche de la sorte. Sa peinture etait trop nouvelle et d'une note bien trop artistique pour qu'on l'appreciat, en 1862, а son prix. Nul, aussi, ne savait moins se faire valoir. C'etait un brave homme tout simple, ecorchant abominablement le francais, tres timide. Il fut tres expansif ce jour-lа. Il se fit montrer mes esquisses, m'invita а venir travailler avec lui, m'expliqua le comment et le pourquoi de sa maniere et completa par lа l'enseignement que j'avais dejа recu de Boudin. Il fut, а partir de ce moment, mon vrai maitre, et c'est а lui que je dus l'education definitive de mon oeil.

Je le revis а Paris tres souvent. Ma peinture, ai-je besoin de le dire, y gagna. Les progres que je fis furent rapides. Trois ans apres, j'exposais. Les deux marines que j'avais envoyees furent recues avec un numero un, accrochees sur la cimaise en belle place. Ce fut un gros succes. Meme unanimite dans l'eloge, en 1866, pour un grand portrait que vous avez vu chez Durand-Ruel fort longtemps, la Femme en vert.  Les journaux porterent mon nom jusqu'au Havre. La famille me rendit enfin son estime. Avec l'estime revint la pension. Je nageai dans l'opulence, provisoirement du moins, car on devait se rebrouiller par la suite, et je me lancai а corps perdu dans le plein air.

C'etait une dangereuse nouveaute. Nul n'en avait fait jusque lа, pas meme Manet qui ne s'y essaya que plus tard, apres moi. Sa peinture etait encore tres classique, et je me souviens toujours du mepris avec lequel il parla de mes debuts. C'etait en 1867 : ma maniere s'etait accusee, mais elle n'avait rien de revolutionnaire, а tout prendre,. J'etais loin d'avoir encore adopte le principe de la division des couleurs qui ameuta contre moi tant de gens, mais je commencais а m'y essayer partiellement et je m'exercais а des effets de lumiere et de couleur qui heurtaient les habitudes recues. Le jury, qui m'avait si bien accueilli tout d'abord, se retourna contre moi, et je fus ignominieusement blackboule quand je presentai cette peinture nouvelle au Salon.

Je trouvai tout de meme un moyen d'exposer, mais ailleurs. Touche par mes supplications, un marchand qui avait sa boutique rue Auber consentit а mettre en montre une marine refusee au Palais de l'Industrie. Ce fut un tolle general. Un soir que je m'etais arrete dans la rue, au milieu d'une troupe de badauds, pour entendre ce qu'on disait de moi, je vois arriver Manet avec deux ou trois de ses amis. Le groupe


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